Londres 1955, un jeune rebelle de 23 ans possédé par la rage d'écrire, passe ses journées à la British Library. Toute la documentation recherchée par un futur philosophe y est rassemblée. La nuit, il dort sous une tente dans le parc de Hampstead Heath. A 16 ans il a quitté l'école, vécu de petits boulots et par ennui ou par désespoir a tenté de mettre fin à ses jours. Ce geste sera le départ d'un voyage intellectuel extraordinaire. Dans le courant de l'année 1956, son premier livre est publié, "The Outsider" (L'Homme en Dehors) propulsera Colin Wilson, sur les devants de la scène littéraire anglaise.
Mai 1956, John Osborne, copain de Wilson et jeune metteur en scène, présente sa pièce "Look Back In Anger", portrait d'un rebelle déraciné. On pense à James Dean et la "Fureur de Vivre". La pièce est un tel succès que Tony Richardson en signe l'adaptation au cinéma (Les Corps Sauvages), et engage Richard Burton pour interpréter ce personnage "en dehors" un jeune homme révolté défiant la morale et les conventions sociales.
La presse ne met pas longtemps à rassembler sous le label de "Angry Young Men" (Les jeunes gens en colère), John Osborne, Colin Wilson et quelques autres artistes. Sur une semaine de temps, Osborne est porté aux nues, Wilson devient le plus grand penseur de son temps, révolutionnant la pensée existentialiste. Son bonheur sera de courte durée.
Dans le climat morose d'après guerre, ces jeunes créateurs anarchistes vont vite défrayer la chronique, à coup de "parties" bruyantes et arrosées, de bagarres, et d'arrogance… On ne leur pardonnera pas d'être "mal nés". Ils sont tous issus de milieux ouvriers et n'ont, pour la plupart, pas fait de hautes études. Dans l'Angleterre de ces années là, ça fait désordre!
Colin Wilson, proclame qu'il est un génie et devient la tête de turc d'une presse heurtée par ces jeunes iconoclastes. Son deuxième livre "Le Rebelle face à la Religion" (Rebel and Religion) est tout simplement ignoré ou reçoit des critiques acides et vindicatives, quand il n'est pas totalement discrédité.
Pourtant, ce jeune écrivain pose une question si brutale que nous ressentons, en quelque sorte, l'impression que nous devons y apporter une réponse: "Comment dois-je vivre ma vie pour ne pas être un raté?". Il se sent pris à la gorge par la routine, le quotidien et surtout le manque de perspective, sa vie n'a aucun sens: "Quand j'avais seize ans, j'ai décidé de me suicider. Ce n'était pas une décision émotionnelle soudaine. Quand je l'ai fait cela me semblait totalement logique (…) Je travaillais le soir dans le laboratoire de l'école, je me suis dirigé vers les étagères où l'on rangeait les produits chimiques et pris une bouteille d'acide hydro-cyanique, j'ai reniflé cette odeur particulière d'amande. Je savais que cette substance me tuerait en une demi-minute. Mentalement j'avais déjà levé la bouteille et avalé une lampée de ce liquide amer. Mais une chose étrange arriva, je suis devenu deux personnes. J'avais soudainement conscience de cet adolescent idiot appelé Colin Wilson, avec sa misère et sa frustration, il semblait être un fou limité dont le sort m'importait peu. Mais s'il se tuait, il me tuerait aussi. Pendant un moment j'avais l'impression de me tenir derrière lui et de lui dire que s'il ne perdait pas l'habitude de s'apitoyer sur lui-même, il n'arriverait jamais à progresser. C'était comme si le vrai moi avait dit à cet ado borné: " écoute, idiot! Pense à combien tu vas perdre!". A cet instant j'ai entrevu la merveilleuse, l'immense richesse de la réalité, elle s'étendait vers des horizons infinis. J'ai reposé la bouteille, je me sentais détendu, le cœur léger et totalement en contrôle de moi-même". (Dans son autobiographie, Dreaming to Some Purpose, 2004).
Mai 1956, John Osborne, copain de Wilson et jeune metteur en scène, présente sa pièce "Look Back In Anger", portrait d'un rebelle déraciné. On pense à James Dean et la "Fureur de Vivre". La pièce est un tel succès que Tony Richardson en signe l'adaptation au cinéma (Les Corps Sauvages), et engage Richard Burton pour interpréter ce personnage "en dehors" un jeune homme révolté défiant la morale et les conventions sociales.
La presse ne met pas longtemps à rassembler sous le label de "Angry Young Men" (Les jeunes gens en colère), John Osborne, Colin Wilson et quelques autres artistes. Sur une semaine de temps, Osborne est porté aux nues, Wilson devient le plus grand penseur de son temps, révolutionnant la pensée existentialiste. Son bonheur sera de courte durée.
Dans le climat morose d'après guerre, ces jeunes créateurs anarchistes vont vite défrayer la chronique, à coup de "parties" bruyantes et arrosées, de bagarres, et d'arrogance… On ne leur pardonnera pas d'être "mal nés". Ils sont tous issus de milieux ouvriers et n'ont, pour la plupart, pas fait de hautes études. Dans l'Angleterre de ces années là, ça fait désordre!
Colin Wilson, proclame qu'il est un génie et devient la tête de turc d'une presse heurtée par ces jeunes iconoclastes. Son deuxième livre "Le Rebelle face à la Religion" (Rebel and Religion) est tout simplement ignoré ou reçoit des critiques acides et vindicatives, quand il n'est pas totalement discrédité.
Pourtant, ce jeune écrivain pose une question si brutale que nous ressentons, en quelque sorte, l'impression que nous devons y apporter une réponse: "Comment dois-je vivre ma vie pour ne pas être un raté?". Il se sent pris à la gorge par la routine, le quotidien et surtout le manque de perspective, sa vie n'a aucun sens: "Quand j'avais seize ans, j'ai décidé de me suicider. Ce n'était pas une décision émotionnelle soudaine. Quand je l'ai fait cela me semblait totalement logique (…) Je travaillais le soir dans le laboratoire de l'école, je me suis dirigé vers les étagères où l'on rangeait les produits chimiques et pris une bouteille d'acide hydro-cyanique, j'ai reniflé cette odeur particulière d'amande. Je savais que cette substance me tuerait en une demi-minute. Mentalement j'avais déjà levé la bouteille et avalé une lampée de ce liquide amer. Mais une chose étrange arriva, je suis devenu deux personnes. J'avais soudainement conscience de cet adolescent idiot appelé Colin Wilson, avec sa misère et sa frustration, il semblait être un fou limité dont le sort m'importait peu. Mais s'il se tuait, il me tuerait aussi. Pendant un moment j'avais l'impression de me tenir derrière lui et de lui dire que s'il ne perdait pas l'habitude de s'apitoyer sur lui-même, il n'arriverait jamais à progresser. C'était comme si le vrai moi avait dit à cet ado borné: " écoute, idiot! Pense à combien tu vas perdre!". A cet instant j'ai entrevu la merveilleuse, l'immense richesse de la réalité, elle s'étendait vers des horizons infinis. J'ai reposé la bouteille, je me sentais détendu, le cœur léger et totalement en contrôle de moi-même". (Dans son autobiographie, Dreaming to Some Purpose, 2004).
* Cette phrase est de G. I. Gurdjieff