Un courrier intéressant à partager avec vous :
" Ce que l’homme désire, c’est élargir son champ de conscience, se libérer de ce piège qui le colle au présent comme l’aiguille de l’électrophone contre le disque. "
Colin Wilson
Colin Wilson est un esprit libre et atypique, dont la réputation, grande en Angleterre, n’a atteint la francophonie qu’en échos disparates. Cette injustice se ramène peut-être à une question d’étiquette. L’esprit cartésien qui règne de ce côté-ci de la Manche aime le classement et les filiations clairement déclarées. Or, où ranger ce provocant touche-à-tout, à la fois essayiste et romancier, qui coiffe d’une même pensée existentialisme et sciences occultes, criminologie et science-fiction ? Colin Wilson a ainsi signé, entre autres livres remarqués, un manifeste philosophique, une étude approfondie des facultés paranormales, une biographie de Jung, un brillant essai sur les serial killers, trois romans de SF, des récits érotiques et une série de polars. Personne, devant cette production déconcertante, ne parvient à cerner d’un jugement unique le personnage et son œuvre.
Colin Wilson
Colin Wilson est un esprit libre et atypique, dont la réputation, grande en Angleterre, n’a atteint la francophonie qu’en échos disparates. Cette injustice se ramène peut-être à une question d’étiquette. L’esprit cartésien qui règne de ce côté-ci de la Manche aime le classement et les filiations clairement déclarées. Or, où ranger ce provocant touche-à-tout, à la fois essayiste et romancier, qui coiffe d’une même pensée existentialisme et sciences occultes, criminologie et science-fiction ? Colin Wilson a ainsi signé, entre autres livres remarqués, un manifeste philosophique, une étude approfondie des facultés paranormales, une biographie de Jung, un brillant essai sur les serial killers, trois romans de SF, des récits érotiques et une série de polars. Personne, devant cette production déconcertante, ne parvient à cerner d’un jugement unique le personnage et son œuvre.
Quel que soit le domaine abordé, l’écrivain britannique en bouleverse les codes. La Pierre philosophale est l’exemple magistral de sa manière de transformer un thème connu en variation à nulle autre comparable. L’argument du livre, à lire sa quatrième de couverture, renoue pourtant de vieilles ficelles. C’est le récit d’un savant dilettante, Howard Lester, qui trouve le moyen d’acquérir une sensibilité extrasensorielle et l’expérimente sur lui-même. La SF brode depuis longtemps sur de pareils motifs, dotant surhommes et mutants de pouvoirs extraordinaires.
Colin Wilson réussit à renouveler cette tradition, pourtant richement illustrée. L’originalité de La Pierre philosophale tient à l’évolution de son protagoniste. L’éveil des facultés paranormales n’est pas chez Howard Lester le produit d’une mutation, l’effet d’une drogue ou d’un sortilège, mais le résultat d’une quête existentielle. Le jeune homme est depuis l’enfance poursuivi " par cet "autre chose" qui nous relie à quelque mystérieuse source d’énergie située à l’intérieur de nous-même. " Il a compris que tout le drame humain tient à la frustration de son besoin d’évoluer. C’est pourquoi il cherche avec frénésie le moyen d’échapper à cette limitation, explorant en nouvel humaniste les ressources de la biologie, de la poésie, de la psychologie, de la musique et bien d’autres disciplines. Ses investigations, portées par la certitude que " l’homme n’est réellement lui-même que lorsqu’il contemple d’immenses perspectives ", débouchent finalement sur le terrain des neurosciences. Le cerveau, découvre le héros, n’aurait besoin que d’une certaine stimulation électrique pour fonctionner à ses pleines capacités. Fort de cette intuition, il persuade un comparse d’implanter deux électrodes, faites d’un alliage spécial, dans son cortex préfrontal.
Et c’est l’illumination.
Colin Wilson réussit à renouveler cette tradition, pourtant richement illustrée. L’originalité de La Pierre philosophale tient à l’évolution de son protagoniste. L’éveil des facultés paranormales n’est pas chez Howard Lester le produit d’une mutation, l’effet d’une drogue ou d’un sortilège, mais le résultat d’une quête existentielle. Le jeune homme est depuis l’enfance poursuivi " par cet "autre chose" qui nous relie à quelque mystérieuse source d’énergie située à l’intérieur de nous-même. " Il a compris que tout le drame humain tient à la frustration de son besoin d’évoluer. C’est pourquoi il cherche avec frénésie le moyen d’échapper à cette limitation, explorant en nouvel humaniste les ressources de la biologie, de la poésie, de la psychologie, de la musique et bien d’autres disciplines. Ses investigations, portées par la certitude que " l’homme n’est réellement lui-même que lorsqu’il contemple d’immenses perspectives ", débouchent finalement sur le terrain des neurosciences. Le cerveau, découvre le héros, n’aurait besoin que d’une certaine stimulation électrique pour fonctionner à ses pleines capacités. Fort de cette intuition, il persuade un comparse d’implanter deux électrodes, faites d’un alliage spécial, dans son cortex préfrontal.
Et c’est l’illumination.
Sous la décharge, ses neurones décuplent leur potentiel. Soudain, " son angle de vision était bien plus large, il avait une vue d’ensemble de la vie, il voyait avec l’œil d’un dieu. " Cette amplification spectaculaire du " faisceau de l’attention " devient permanente au bout de quelques séances, comme si l’expérience avait initié le cerveau à un nouveau mode de fonctionnement. Tout prend davantage de sens et d’intensité, les apprentissages les plus ardus deviennent une sinécure, l’esprit de Howard Lester perce les secrets de la matière et du temps. Dans une série de rêves éveillés, il plonge dans le passé, rencontre en pensée Shakespeare et Francis Bacon, les prêtres mayas qui officiaient à Chichen Itza et les bâtisseurs de Stonehenge. Car le " temps humain est une illusion et l’esprit est capable de voir à travers ". Les explorations mentales de Lester remontent jusqu’en des époques immémoriales, d’avant l’humanité, où plane l’ombre menaçante des " Grands Anciens " chers à Lovecraft. Affrontement qui mettra à l’épreuve les nouveaux pouvoirs du héros durant la seconde moitié du livre.
Mais ni ces ténébreuses aventures, ni l’artifice des électrodes fichées dans le crâne du jeune savant ne font oublier l’essentiel, que l’auteur résume en ces mots : " tant que l’homme grimpe l’échelle de l’évolution, il est à l’abri de la mort ". Dans le roman, l’affirmation est prise à la lettre. Howard Lester, chaque jour mieux armé de ses fabuleux talents, marche vers l’immortalité. Mais cette récompense exprime aussi la foi que le romancier place en la conscience humaine, et qu’illustrent ses autres écrits. L’éternité promise à son héros couronne un parcours si logique, si conforme aux aspirations naturelles de l’intelligence, qu’il paraît évident, à portée de tous. Pour s’éveiller et prendre les commandes de notre destinée, suggère Colin Wilson, le surhomme qui dort en nous n’a besoin que d’un surcroît de volonté et d’imagination. La vraie pierre philosophale, clé de toutes les transmutations, nous est intérieure.
François Rouiller